Rencontre Entre Orgon Et Tartuffe

Je ne le connois pas, puisque vous le voulez ; Mais enfin, pour savoir quel homme ce peut être.. Résolu à transformer les contraintes 1962 alexandrins-, en échappée belle, le comédien sapproprie seul, avec une audace folle, la langue de Molière pour inoculer le souffle de la jeunesse et de la liberté à un chef-doeuvre qui nattendait que ça. Orgon et Elmire, Marianne et Valère, Cléante Fuyant le numéro dacteur ou lexhibition vaine, Guillaume Bailliart endosse tous les rôles, se démultiplie, faisant résonner ces voix et ces corps avec une sidérante maestria. Cependant, au-delà de la performance physique et mentale, se dessine la volonté de placer la parole son agencement, sa profusion, ses fulgurances au coeur de sa mise en scène. Une option radicale qui, loin de circonscrire la pièce au seul texte, imprime au spectacle une énergie inédite, une verve comique et une réjouissante impertinence, sans jamais perdre de vue les enjeux intemporels de ce brûlot théâtral Crédits Il nest petit, ni grand, qui ne sen scandalise ; 1620Et quaucun vrai dévot ne se trouve aujourdhui? Cette saison, la Comédie-Française rejoue Tartuffe de Molière, mise en scène par Galin Stoev, créée en 2014 à la salle Richelieu avec, entre autres, Michel Vuillermoz, Didier Sandre, Denis Podalydès.. : production à laquelle javais été associé comme compositeur de la musique originale. Voilà ce que nous écrivions, Galin Stoev et moi-même, à lépoque de la création du spectacle. Illustration de Maximilien Vox, pour lédition complète de 1930 rencontre entre orgon et tartuffe Mais toutes les passions déchaînées venaient de se soulever à la fois ; lenvie verse de toute part son fiel ; la calomnie aiguise ses poignards ; et lamour-propre offensé, le plus implacable des ennemis, fait un appel à tous les ressentiments, et rallie toutes les haines. Les médecins, les précieuses, les marquis, tous les charlatans que Molière avait livrés à la risée publique, crient à la fois à limpiété ; les libertins, les athées sont devenus dévots, et la tourbe des auteurs jaloux sest changée en une troupe de lévites armés pour les intérêts du ciel. Il en est ainsi dans tous les temps : les médiocrités, pour se venger du talent qui les accable, prennent toujours le masque de la passion dominante ; plus tard elles eussent dénoncé Molière comme janséniste ; aujourdhui elles le traiteraient de séditieux ou de révolutionnaire. rencontre entre orgon et tartuffe Mise en scène et Scénographie : Thierry Falvisaner 14La tirade passionnée dOrgon donne à voir en une série dhypotyposes des gestes et des attitudes mainte fois répétés qui constituent autant de stéréotypes de la dévotion utilisés par un imposteur prêt à toutes les singeries pour séduire sa victime. Mais son infirmité de jugement rend cet homme hébété et entêté dautant plus ridicule quil sopiniâtre dans ses illusions. Il sexpose malgré lui aux manipulations de faux-monnayeurs professionnels. Jamais le rire de Molière na été aussi clivant. Claude Bourqui et Georges Forestier remarquent à juste titre que le comique dOrgon est une affaire de point de vue, et que si le personnage est ridicule aux yeux de Dorine et de Cléante, aux yeux des dévots il ne lest pas du tout. La scénographie du rire révèle en effet une image très défavorable de la dévotion, perçue comme une forme aiguë daliénation, alors quen sens inverse, le théâtre de Molière opère une psychagogie qui se conçoit comme une audacieuse et salutaire entreprise de déniaisement. Celle-ci amène le spectateur, soutenu par les commentaires de Cléante, à distinguer ce que le personnage voit de ce que son imagination ajoute à ses perceptions. Aussi, à la lumière de la théorie épicurienne de la perception, comprenons-nous mieux Molière lorsquil affirme par lintermédiaire de Cléante que cest être libertin que davoir de bons yeux. Certes, lauteur rapporte ironiquement les propos des dévots, et Cléante se défend dêtre libertin au sens où ils lentendent, mais Molière semble aussi jouer sur le mot, qui désigne ici non pas un esprit fort à la mode de Don Juan assénant haut et fort ses provocations contre la religion, mais plutôt un libertinage défensif, nécessaire à la survie par temps de grande dévotion et de prosélytisme invasif. Acte I La pièce souvre sur une dispute entre Madame Pernelle, la mère du maître de maison, Orgon et le reste de la famille. Cette femme extrêmement dévote reproche à chaque membre de la famille le laisser-aller de leur conduite et leurs critiques envers Tartuffe qui doit être considéré comme un saint. Après avoir dit ce quelle avait sur le cœur, Madame Pernelle sort de chez son fils et jure de ne plus y revenir. En assistant aujourdhui à la représentation du Tartuffe, ne reconnaît-on pas les grimaciers religieux de notre époque, surtout lorsquon entend le misérable sexcuser davoir dénoncé son bienfaiteur, par cette froide réponse : Laissez-lui, laissez-lui le soin de ses vengeances ; rencontre entre orgon et tartuffe La comédie baroque aime jouer avec la langue, utilisant des déformations des mots, des jargonsen tous genres : La comédie classique de Molière porte en elle des traits similaires à ceux dun texte parfaitement représentatif de la littérature baroque. Mest bien plus cher que fils, que femme et que parents 1180.